samedi 8 septembre 2012

Récit du 28 juillet : J+20

J+20 : Lac de Caillauas (2160m) - lac des Isclots - Col des Gourgs Blancs - Col du pluviomètre - Tusse de Montarqué(2889m) - Refuge Jean Arlaud du Portillon(2570m)
D+1025m
D- 665m
Lac des isclots
Au beau milieu des Gourgs Blancs
Le mauvais temps passe rapidement pendant la nuit, il n'y aura qu'une averse assez forte et un passage venteux qui s'éteindra aussi rapidement qu'il avait débuté. Ce matin une mer de nuage s'est formée en vallée, tandis qu'au dessus de nous des cumulus commencent à bourgeonner poussés par un vent fais. On attaque le premier verrou assez tard vers 8h moins le quart : l'étape est courte, normalement, le temps indiqué nous semble exagéré. Nous nous rendrons compte rapidement que non ! Ce n'est toujours pas la grande forme aujourd'hui, le terrain est difficile et la détection des cairns pas toujours évidente. La progression est lente, dans les  blocs, les éboulis, la moraine et des névés heureusement peu pentus. Nous passons les lacs des Isclots puis atteignons le col des Gourgs Blancs par l'ultime résidu du glacier. La moraine est très claire : le réchauffement climatique, ici, on en voit le résultat. C'est un environnement minéral, glacial, désolé et rude comme nous n'avons jamais eu l'occasion de traverser dans les Pyrénées. Nous ne cessons de nous retourner pour contempler les paysages incroyables. 

C'est bien le pic du midi
de Bigorre au fond au centre.
Au 4ième plan il me semble que ce
sont le Lustou et le pic d'Estos...
Cette ambiance glaciaire nous impressionne, d'autant que le ciel menace des nuages grisâtres sont vomis par les crêtes frontières, mais semblent pour l'instant se disperser au dessus de notre tête. Si l'orientation générale est très simple par beau temps, le cheminement l'est beaucoup moins : on n'imagine même pas se retrouver tout à coup dans une purée de pois ou sous des trombes d'eau. Ça contribue à augmenter notre niveau de stress : nous ne sommes pas équipés pour passer une nuit dans le coin et y affronter des températures trop basses ! Au col nous décidons de laisser les sacs pour faire le Pic gourdon : un 3000 facile selon le topo Veron... En fait pas facile du tout... ni marquage ni cairnage ni cheminement évident ! Nous prenons la crête pour commencer, jusqu'à atteindre vers 2950 des dalles salement inclinées et exposées : c'est trop pour Carine qui craque et refuse d'aller plus loin. Je n'ai pas de visibilité sur la suite, c'est bête on est tout près ! Scrutant le ciel et considérant ce pourquoi nous sommes là : traverser les Pyrénées... je renonce à mon tour. Je regrette d'avoir fait confiance au Veron, 3000 facile... je t'en f.... du 3000 facile ! 

C'est en haut de ces dalles que
ça coinça...
Au niveau du glacier
des Gourgs Blancs
Si seulement j'avais jeté un oeil sur un topo décrivant cette course ! La confiance ça change tout ! Nous sommes à la fois piteux et furieux : ce demi-tour minable et peu glorieux est dur à encaisser : nous voilà à notre place, bretons des plaines.  Nous mangeons rapidement, de peur de le regretter plus tard quand les nuages crèveront immanquablement. La suite est toujours aussi laborieuse et nous ruminons en silence notre échec. Le col du pluviomètre semble si proche et si loin à la fois, nous jugeons son névé trop raide pour être affronté de face sans crampons, nous devons le passer par la caillasse des côtés. Enfin c'est la Tusse de Montarqué encore une fois peu "roulante" ! Nous sommes pourtant censés la gravir. Carine se met en tête de suivre des cairns à flancs plus bas. Je la perds de vue à la faveur d'une épaule rocheuse. Mes appels restant sans réponse, je me décide à descendre en écharpe pour rattraper son cairnage quelques dizaines de mètres plus bas. Ce que je ne savais pas, c'est qu'elle est précisément en train de faire l'inverse, de son côté : monter pour me rejoindre... Bref quand j'arrive au refuge Jean Arlaud du Portillon (15h ?), évidemment, elle n'est pas là... Angoisse ! Carine est seule sur la Tusse, sans carte ni boussole ni altimètre, à la merci de la brume pouvant arriver d'un moment à l'autre, cernée  des barres rocheuses surplombant le lac glacé d'un côté et le lac du portillon de l'autre...Je remonte sans le sac, ne sachant trop que faire devant l'immensité du terrain à explorer. Nous finissons par nous retrouver 1/2 d'heure plus tard : elle était montée jusqu'au sommet de la Tusse ! Émotions. Après un coca de réconfort au refuge,   nous apprenons, que le gardien a reçu un coup de fil de Guillaume et Véro :   ont bien réussi à joindre Vincent pour le rdv avancé... Cool !

Le lac glacé sous la Tusse et le
col du pluviomètre
La vue sur le lac glacé depuis la
Tusse est saisissante
A l'extérieur nous faisons la connaissance de Durian, un Hrpiste Hollandais parlant correctement français. Il nous demande s'il peut faire l'étape du lendemain avec nous. Il craint le col inférieur de la Litérole... nous aussi ! Nous acceptons forcément, il a l'air cool. Pendant ce temps, la brume, sans crier gare est en train de nous envelopper. Après toutes ces émotions nous décidons pour la première fois, de manger et dormir au refuge ; il y a de la place ! Bien nous en prend : à 18 heures, un orage éclate, la grêle martèle le refuge, des flashs dans la brume. Nous jubilons ! Et qu'importe si notre dortoir s'appelle ironiquement "la Tusse de Montarqué", au moins aurons-nous évité  l'affront d'un dortoir du  "Pic Gourdon".
La veille <<<......................... >>>Le lendemain

4 commentaires:

  1. ouh! que d'émotion !!!
    nous avons retenu notre souffle ...
    on s'y croyait !
    ça devient un vrai roman !
    merci pour cette étape
    karine et fred

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  2. Eh oui face à mon échec au Gourdon, ma fierté de J..., comme dirait Franck, a pris un coup... Les retrouvailles au refuge étaient dignes d'un film!!!
    Une bonne grosse frayeur d'avoir perdu "mon chéri" dans la montagne.
    Le début de soirée, avec les éclairs pendant ma sieste réparatrice, ont été un grand moment de bonheur. Le choix de la nuit en refuge était le top.
    Merci Franck.

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  3. C'était peut-être la peur de se retrouver de nouveau à dormir dans la Cabane d'Arrouge (et ses souris, n'est-ce pas Karine...) et de se réveiller, les yeux gonflés par une nuit en pente dans la poussière(malgré le ménage de Fred et Franck); comme quelques années auparavant. Souvenirs, Souvenirs!
    Franck me dit que c'était impossible, elle était beaucoup trop éloignée de notre parcours.

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  4. Je croyais que t'avais compris que savoir lire une carte était plus important que détecter des cairns...
    Sinon j'ai édité le récit pour 2 ou 3 précisions... ^^

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